Prosecco & Chianti : mal-aimés, mais pas coupables

 

Prosecco et Chianti. Deux noms qui résonnent dans toutes les trattorie, sur toutes les cartes de vin et dans tous les supermarchés. Deux appellations devenues synonymes de vin « facile », « cheap » ou « kitsch ». Le Prosecco ? Des bulles sucrées, festives mais sans intérêt. Le Chianti ? Un rouge banal, servi dans des carafes entourées de paille qu’on voit plus souvent comme déco vintage que dans un verre sérieux.

Et pourtant. Derrière cette image galvaudée se cache une autre réalité, celle de vignerons rebelles qui redonnent du sens à ces appellations trop vite jugées. Redécouvrir un vrai Prosecco ou un vrai Chianti, c’est accepter de se confronter à la complexité, à l’authenticité, et au goût d’un terroir que l’industrialisation avait effacé.

Alors, mal-aimés… ou mal compris ?

Pourquoi Prosecco et Chianti traînent une si mauvaise réputation ?

Le problème ne vient pas de ces appellations en elles-mêmes, mais de leur succès. Quand on produit des millions de bouteilles chaque année, il faut plaire à des centaines de milliers de consommateurs. Résultat : on simplifie, on adoucit, on standardise.

C’est ce qu’on appelle la standardisation du goût. Dans le vin comme dans l’alimentation, les industriels ont appris à lisser les saveurs pour qu’elles soient immédiatement « palatable » : plus sucrées, moins acides, moins amères. Le vin n’échappe pas à cette logique : copeaux de bois à la place des barriques, levures commerciales qui uniformisent les arômes, assemblages pensés pour flatter plutôt que surprendre. Bref, des vins « très fabriqués » qui se ressemblent tous.

Dans les années 60, au moment où les appellations italiennes se structuraient, ce goût facile correspondait aux attentes du marché. Le Prosecco est alors devenu synonyme de bulles sucrées de fête, et le Chianti s’est noyé dans des assemblages approximatifs.

Conséquence : une image cheap et peu qualitative qui colle encore aujourd’hui. Pourtant, au sein même de ces appellations, certains ont toujours résisté à la tentation de la facilité.

Le Prosecco, de la bulle standardisée au retour du colfondo

Le cliché : des bulles industrielles qu’on sert dans des verres en plastique, sans se poser de question.

La réalité rebelle : un vin pétillant aux racines artisanales profondes.

Historiquement, le Prosecco se faisait par refermentation en bouteille. Ce style, appelé Colfondo (sur lies, non filtré), donne un vin légèrement trouble, plus sec, avec une bulle fine et une complexité aromatique surprenante. Pendant longtemps, ce style a été marginalisé au profit du Prosecco « industriel », élaboré en cuve close pour un rendu plus sucré et uniforme.

Aujourd’hui, une nouvelle génération de vignerons du Veneto et de la zone DOCG Conegliano-Valdobbiadene remet le Colfondo au goût du jour. Travail en bio, vendanges à la main, respect du cépage Glera : tout cela redonne ses lettres de noblesse à une appellation qu’on croyait perdue.

Un vrai Prosecco artisanal, c’est moins fruité, pas douceâtre et un rien végétal, avec "de la mâche". Rien à voir avec les bulles « passe-partout » qu’on associe à l’apéritif rapide.

Le Chianti, du kitsch au 100 % Sangiovese

Le cliché : un rouge banal, fruité mais plat, qu’on commande sans réfléchir parce qu’il est le plus abordable sur la carte.

La réalité rebelle : l’une des plus belles expressions du cépage Sangiovese, quand il est respecté

La dérive a commencé quand on a autorisé l’ajout de cépages étrangers comme le Cabernet Sauvignon, censés « améliorer » le profil du vin. Résultat : des Chianti lourds, standardisés, déconnectés de leur terroir. Autrefois, le règlement du Chianti autorisait l’ajout de cépages blancs comme le Trebbiano Toscano. Bien travaillé, cela pouvait être intéressant car il apportait de la fraîcheur et de l’acidité au Sangiovese. Mais dans la pratique, c’était souvent mal fait : les raisins n’étaient pas vinifiés séparément, ce qui diluait le vin.

Cette pratique a fini par être interdite dans le Chianti Classico. Mais, dans le même temps, on a autorisé l’utilisation de cépages internationaux comme le Cabernet Sauvignon. Et c’est là que l’on a dénaturé ce qu'était le Chianti à l'origine.

Mais le vent a tourné. Aujourd’hui, de nombreux vignerons indépendants reviennent à l’essence même du Chianti : le 100 % Sangiovese. Dans les collines du Chianti Classico, ce cépage exprime toute sa finesse : notes de cerise, de violette, d’herbes sèches, avec une acidité vibrante et une élégance naturelle.

Un vrai Chianti, c’est un vin qui danse entre fraîcheur et structure, bien loin de l’image « kitsch » qui lui colle à la peau.

Comment repérer un bon Prosecco ou Chianti ?

Parce que parler, c’est bien, mais encore faut-il savoir reconnaître un vrai vin artisanal.

Voici quelques repères concrets :

Pour le Prosecco artisanal :

  • Cherchez la mention colfondo ou rifermentato in bottiglia.
  • Vérifiez l’appellation : DOCG Conegliano-Valdobbiadene ou Asolo.
  • N’ayez pas peur d’une robe légèrement trouble : c’est signe de vie et d’authenticité.

Pour le Chianti artisanal :

  • Privilégiez la mention Chianti Classico. ·
  • Regardez la composition : 100 % Sangiovese est souvent gage de sérieux.
  • Repérez les producteurs indépendants, souvent membres de la FIVI (Fédération Italienne des Vignerons Indépendants).

conclusion

Prosecco et Chianti ne sont pas coupables. Ce sont deux appellations victimes de leur succès, souvent réduites à leurs versions industrielles et standardisées. Mais si vous grattez sous la surface, vous découvrez des vins d’une grande authenticité.

Alors, prêts à les redécouvrir ?

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